Prière méditative sur Membra Jesu Nostri
Par Aftoprokroústês
- 8 minutes de lecture - 1582 motsJe vous propose aujourd’hui une prière méditative inspirée de la prière du Rosaire, et basée sur la magnifique œuvre de Dietrich Buxtehude “Membra Jesu Nostri” (“les membres de notre Jésus”). Dans cette œuvre, Buxtehude déplore l’une après l’autre les plaies de 7 parties du corps du Christ sur la croix.
Avant de donner plus de détails, voici l’œuvre musicale:
Cette prière complémente très bien les mystères douloureux du Rosaire, en approfondissant la relation personnelle avec le Christ mourant.
Structure de la Prière
Ce que je présente ici est le résultat de mes expérimentations, et ne constitue en aucun cas une structure figée. Je vous encourage à expérimenter et innover.
L’œuvre musicale a un structure qui rappelle celle du Rosaire:
- les 7 parties du corps rappellent les 5 Mystères constituant un chapelet
- le texte pour chaque membre a une structure fixe, avec un extrait de la bible suivi d’un poème mystique en trois parties, rappelant les textes en dix versets des méditations du Rosaire.
Je vous propose donc une structure similaire au Rosaire, que je décris dans les sections suivantes. Si vous n’êtes pas encore familiers avec le Rosaire, je vous conseille de vous familiariser d’abord avec sa structure ici, ou en utilisant mon fascicule e-pub comme support.
L’idée est la suivante:
- d’abord une “entrée en matière”, afin de marquer symboliquement le début de l’espace-temps de la prière.
- puis une méditation pour chaque partie du corps, séparées par un “interlude” constitué de prières vouées à soutenir la dévotion et l’humilité
La Prière du Cœur
Le Rosaire est centré autour de la prière du Je Vous Salue Marie, nous encourageant à percevoir les mystères à travers Sa perspective.
Pour la présente prière, je préfère me concentrer sur la personne de Jésus Christ, et remplace les Je Vous Salue Marie par la Prière du Cœur:
Seigneur Jésus Christ, fils de Dieu, aie pitié de moi, pauvre pécheur
Ainsi, l’exercice tout entier se trouve tourné vers le Christ acceptant sa mise à mort par compassion pour nous (comme dans le texte du Rosaire: Jésus sortit, portant sa croix. Une lourde croix pesante des péchés des hommes qu’il prenait sur ses épaules avec amour).
L’entrée en matière
Dans le Rosaire, il s’agirait du Credo, suivi d’un Notre Père et trois Je Vous Salue Marie. Il s’agit ici simplement d’ouvrir un temps sacré et de marquer symboliquement le début de la prière. J’aime commencer ici par ce poème1, suivi de trois prière du cœur.
Les interludes
Il s’agit de la transition d’un membre à l’autre. Je suis ici plus ou moins les prières classiques pour le Rosaire.
Les méditations
Il s’agit ici de méditer les textes et de s’en imprégner, tout en récitant la Prière du Cœur. Voici les variantes avec lesquelles j’expérimente:
- d’abord lire le texte entier, pour s’en imprégner, puis le méditer en récitant 10 Prières du Cœur
- Lire le texte entier, puis réciter une Prière du Cœur en le méditant. Puis lire chacune des 4 parties du texte en isolation, suivie d’une Prière du Cœur. Cette variante résulte en 5 récitations, plutôt que 10. Elle n’est cependant pas forcément plus rapide: je ressent le besoin de laisser plus de temps silencieux entre les prières dans cette variante, afin de laisser chaque strophe avoir le temps de faire son effet.
Ici, il est bénéfique de prendre le temps de vraiment s’établir dans le caractère imaginal de cette méditation. Cela signifie en particulier:
- rester constamment attentif au corps d’énergie. En particulier, je trouve que la dévotion et l’humilité se manifestent de manière souvent très claire dans la région du cœur, et qu’il est possible de renforcer ces sentiments en travaillant avec ce ressenti
- Essayer d’impliquer tous les sens, et non seulement la vue. L’odeur de la sueur et du sang, le plaies suintantes et collantes, le souffle et les gémissements, le peuple hurlant et maudissant…
- Laisser l’image avoir son autonomie, se développer comme elle le veut. De par le caractère très charnel des images invoquées, il est probable que les images développent par moment un caractère sensuel/sexuel plus ou moins prononcé. Suivant votre éducation et votre histoire avec les enseignements chrétiens2, laisser cet aspect se développer peut être très difficile, et associé à de fortes émotions négatives (honte, culpabilité, peur, colère…). Sentez vous libre d’arrêter ou de rediriger l’image à chaque instant, mais prenez garde à ne rien rejeter de manière dogmatique. Comme Rob Burbea le mentionne souvent, l’imaginal prend souvent un caractère sexuel, mais il s’agit souvent d’une énergie différente d’une simple attraction sexuelle. Soyez prudents, mais tant que les qualités de dévotion, d’humilité, d’éternalité sont présentes, il s’agit encore de méditation et non de simples fantasmes lubriques. Mettez du poids dans vos prières, implorez la pitié et le conseil de Jésus, et laissez vous guider. Il s’agit d’une pratique d’exploration et de questionnement, et il y a souvent un trésor (thérapeutique et/ou spirituel) dans les aspects les plus difficiles de la pratique.
Textes des méditations
(Le texte original est en latin. La traduction française provient de la page Wikipedia de l’œuvre)
Ad pedes (aux pieds)
Voici sur les montagnes
les pieds du messager
qui annonce la paix (Nahum 1:15)
Je te salue, sauveur du monde,
Je te salue, cher Jésus,
M’attacher à ta croix
C’est ce que je voudrais, tu sais pourquoi,
Donne moi ta splendeur
Les clous de tes pieds, les plaies dures,
et les marques si profondes,
je les couvre avec tendresse,
craignant ta vue,
me souvenant de tes blessures.
Doux Jésus, Dieu pieux,
Je te crie, comme il est permis à ton débiteur,
Sois bienveillant à mon endroit,
Ne me repousse pas, indigne
De tes pieds saints.
Ad genua (aux genoux)
Vous serez allaités et portés,
Et caressés sur les genoux (Isaïe 66:12)
Je te salue Jésus, roi des saints,
Espoir invoqué par les pécheurs,
Au bois de la croix, tel un coupable,
est suspendu l’homme, en vérité dieu,
vacillant sur ses genoux fragiles
Que te répondre ?
Je suis vil dans mes actes et dur de cœur.
Que rendrai-je à celui qui m’aime,
Qui a choisi de mourir pour moi,
Afin que je ne meure d’une double mort ?
Te chercher l’âme pure,
Que mon premier souci soit là,
Ce n’est pas un labeur ni une peine,
Mais je serai soigné et purifié,
Quand je t’aurai embrassé.
Ad manus (aux mains)
Quelles sont ces plaies
au milieu de tes mains ? (Zacharie 13:6)
Je te salue, Jésus, bon pasteur,
Fatigué par la lutte,
Déchiré sur le bois
Et assemblé à lui
Tes saintes mains tendues
Saintes mains, je vous embrasse,
Et je me délecte en gémissant,
Je rends grâce pour tant de plaies,
Pour les clous durs, pour les gouttes saintes,
Et je les embrasse en pleurant.
Lavé dans ton sang
Je me donne tout à toi,
Que tes saintes mains
Me défendent, Jésus Christ,
Dans les périls suprêmes.
Ad latus (au flanc)
Lève toi, mon amie,
Ma belle, et viens,
Ma colombe qui te tiens dans les fentes du rocher,
Dans les parois escarpées (Cantique des cantiques 2:13-14)
Je te salue, flanc du sauveur,
En lequel repose le miel de douceur,
En lequel paraît la force de l’amour,
Duquel s’échappe une source sanglante,
Qui lave les cœurs souillés
Voici que je m’approche de toi,
Épargne-moi, Jésus, si j’échoue,
La honte au front,
Je suis pourtant venu de moi-même à toi
Pour étudier tes blessures.
À l’heure de la mort que mon souffle
Entre, Jésus, en ton flanc,
Et y expire,
Afin que le lion féroce ne l’attaque pas,
Mais qu’il demeure près de toi.
Ad pectus (à la poitrine)
Comme des nouveau-nés raisonnables,
Désirez un lait pur,
Afin de grandir par lui dans le salut,
Ainsi vous aurez goûté comme le Seigneur est doux (1 Pierre 2:2-3)
Je te salue, Dieu, mon salut,
Doux Jésus, mon amour,
Je te salue, poitrine qu’il faut révérer,
Qu’il faut toucher en tremblant,
Demeure de l’amour
Donne-moi une poitrine épurée,
Ardente, pieuse, soupirante,
Donne-moi la volonté qui se dérobe,
Toujours conforme à toi,
Jointe à la richesse des vertus
Salut, vrai temple de Dieu,
Je te prie de me prendre en pitié,
Toi l’arche de tout bien,
Fais que je sois placé parmi les élus,
Vase divin, Dieu de tous
Ad cor (au cœur)
Tu as blessé mon cœur,
ma sœur, mon épouse (Cantique des cantiques 4:9)
Cœur du roi suprême, salut à toi,
Je te salue le cœur léger,
Je me délecte de t’embrasser
Et cela affecte mon cœur,
Inspire-le à te parler
Par le milieu de mon cœur
De fautif et de pécheur,
Que passe ton amour,
Qui ravit ton cœur,
Languissant des blessures de l’amour
J’appelle de la voix vive de mon cœur,
Doux cœur, et parce que je t’aime
Incline vers mon cœur,
Afin qu’il puisse s’appliquer
Avec dévotion à ta poitrine.
Ad faciem (au visage)
Que ton visage brille sur ton serviteur,
Sauve-moi dans ta miséricorde (Psaume 31:16)
Je te salue, tête ensanglantée,
Toute couronnée d’épines,
Brisée, blessée,
Frappée du roseau,
Visage souillé de crachats
Comme je dois mourir,
Ne me fais pas défaut alors,
Dans l’heure terrible de la mort,
Viens, Jésus, sans délai,
Me protéger et me libérer
Quand tu m’ordonneras de quitter ce monde,
Cher Jésus, alors apparais-moi,
Oh ami qu’il faut embrasser,
Alors montre-toi
Sur la croix qui dispense le salut.
Restez à Jour
Pour rester au courrant des mises à jour, souscrivez au flux RSS
Si vous préferrez des notifications par e-mail, utilisez ce formulaire (service externe fourni par blogtrottr.com):